Santé et bien-être: le Togo s’engage à réduire la mortalité maternelle et infantile
17 mars 2022
L’Etat togolais veut augmenter l’accès aux soins de santé de la reproduction aux femmes.
Djoumèyi, 37 ans, est enceinte de son 4ème enfant. Elle a fait toutes ses consultations prénatales jusqu’à l’accouchement. 8 jours avant la date prévue, Djoumèyi sentant des contractions, se rend au centre de santé. L’accouchement est déclenché et toute la nuit, les sages-femmes vont essayer de sauver Djoumèyi et sa petite fille. En vain. Elles sont déclarées mortes à 5h14.
Un fort taux de mortalité maternelle
Malheureusement, Djoumèyi n’est pas une exception. En octobre 2021, Ornella Laine, une jeune femme de 29 ans, enceinte de son 3ème enfant, meurt lors de son accouchement au CHU Sylvanus Olympio (le plus grand hôpital public du pays). Pour son cas également, le bébé ne survivra pas. Son décès a choqué l’opinion publique qui va pointer du doigt les négligences des sage-femmes.
Selon les chiffres officiels, le taux de mortalité maternelle est de 401 décès pour 100 000 naissances vivantes. Il est estimé de nos jours qu’au Togo, au moins 2 femmes meurent chaque jour suite à une grossesse, à l’accouchement ou dans les 42 jours qui suivent. Le destin du nouveau-né est lié à celui de la mère et le taux de mortalité néonatale est de 27‰, suivant la même source.
L’Etat et ses partenaires œuvrent à inverser la tendance
En septembre 2021, le ministère de la Santé a lancé une initiative visant à rendre les soins de santé gratuits pour les femmes enceintes à travers le Togo. L’initiative appelée « Wezou » (vie en Kabyè, une des langues du pays) a pour objectif d’augmenter l’accès aux soins de santé aux femmes en supprimant le coût des soins pour de nombreux services.
Le 1er Mars 2022, le Docteur Diene Keita, Directrice exécutive adjointe de L’UNFPA, a échangé avec le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé sur les programmes de développement économique et social en faveur de la femme et des jeunes. Le Dr . Diene Keita a salué les progrès du Togo en matière de promotion des femmes.
«Nous avons parlé des programmes d’entrepreneuriat et du bien-être des femmes. C’est en cela que le programme Wezou trouve toute son importance », a-t-elle expliqué.
Mis en place au Togo depuis 2010 par la France en partenariat avec l’OMS, l’UNICEF, l’UNFPA et ONU Femmes, le programme Muskoka soutient également le gouvernement togolais dans la réduction de la mortalité maternelle, néonatale, et infanto-juvénile. Les interventions touchent entre autres au renforcement de la formation des agents de santé, à la construction, réhabilitation et équipement des centres de santé ainsi que le renforcement de la qualité de services en Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence (SONU) et en santé procréative de la mère et de l’enfants.
En dix ans, le Togo a bénéficié de la part du Fonds Muskoka d’un appui de 13,5 millions d’euros. Selon le bureau de l’UNFPA, les efforts du Togo ont permis d’éviter 152 000 grossesses non désirées, 54 000 avortements provoqués et 400 décès maternels.
Le personnel soignant s’engage
L’Association des sages femmes du Togo, la Société des gynécologues et obstétriciens du Togo, l’Ordre national des médecins du Togo et le Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo ont publié un communiqué suite au décès d’Ornella Laine. Face à l’indignation populaire, ces associations ont exprimé leur « grande tristesse », soulignant que ce décès de plus vient s’ajouter à la longue liste des décès maternels évitables enregistrés dans le pays. «Le système de santé doit être revu de fond en comble. C’est tout un travail à faire et c’est la responsabilité de tous, aussi bien des gouvernants que des citoyens que nous sommes et il faut que chacun fasse sa part», ont-elles ajouté.
Les agents de santé impliqués dans la prise en charge de la jeune femme ont été sanctionnés pour « faute professionnelle ». Toutes ces mesures combinées à l’appui des partenaires nourrissent l’espoir que bientôt, la peur d’une mort à l’accouchement sera un lointain souvenir pour les Togolaises qui laissera la place au bonheur de l’enfantement en toute sécurité.