Togo: Les Nations Unies interviennent dans la surveillance des maladies aux frontières
L’OIM et l’OMS interviennent aux frontières du Togo pour la surveillance des maladies à potentiel épidémique.
Amina est commerçante. Une fois par mois, elle quitte son Mali natal, traverse la frontière entre son pays et le Burkina-Faso et celle entre le Burkina-Faso et le Togo pour venir s’approvisionner en marchandises à Lomé.
« Nous sommes un pays enclavé et l’on s’approvisionne essentiellement au port autonome de Lomé »,
explique-t-elle. En effet, le Port Autonome de Lomé dessert les pays de l’hinterland. Les commerçants de ces pays s’approvisionnent en toutes sortes de produits à Lomé et les acheminent à travers les frontières terrestres. Ces frontières constituent ainsi un maillon vital de l’économie de tous ces pays.
Des milliers de personnes y passent chaque jour dans les deux sens. Selon des statistiques de la douane de Hillacondjia (frontière entre le Togo et le Bénin), entre 1200 et 1500 personnes franchissent chaque jour la frontière du côté est du Togo et environ 3000 du côté ouest. Fermées un temps pendant la pandémie du COVID19, ces frontières terrestres sont désormais rouvertes, mais avec une surveillance renforcée. La pandémie du COVID19 a en effet démontré que les points de passage entre les pays jouent un rôle majeur dans la propagation internationale des maladies à potentiel épidémique.
Renforcer le contrôle des maladies aux frontières
Pour un contrôle efficace de l’état de santé des personnes désireuses d’entrer sur le territoire togolais, l’OIM et l’OMS interviennent aux différentes frontières. Ce contrôle permet de détecter toute suspicion de maladie pouvant compromettre la santé des personnes. Au nombre de ces maladies inscrites dans le carnet jaune (carnet de santé international de voyage), on trouve la fièvre jaune, l’hépatite B, la méningite, la rage, la fièvre typhoïde et aussi le Coronavirus.
Le 12 août 2022, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l'Agence de coopération internationale du Japon (JICA) ont remis des équipements et matériels de santé publique au ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès universel aux soins pour le compte des points d’entrée de Kodjoviakopé (frontière Togo – Ghana), de Sanvee Kondji (frontière Togo – Bénin) et de Cinkassé (frontière Togo – Burkina-Faso). Les équipements et matériels sont composés de 03 ambulances médicalisées, de 60 moniteurs de température (thermo-flash), de 30 stations de lavage des mains, de 18 stations de toilettes mobiles, de 06 réservoirs d’eau pour le lavage des mains et les stations de toilettes, de 06 structures d’isolement et cabines de contrôle sanitaire équipées, de 30 tablettes et de 15 ordinateurs portables.
Le projet de « Renforcement des capacités de gestion des frontières pour répondre aux crises de santé publique, y compris la COVID-19 » est financé par la JICA et exécuté par l’OIM au profit de 06 postes frontaliers ciblés et répartis dans 05 pays transfrontaliers (la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Burkina Faso et le Bénin). Ce projet s’inscrit dans la dynamique du renforcement des capacités opérationnelles en matière de gestion de crise de santé publique aux points d’entrée ciblés. Ceci, en vue de maintenir la libre circulation des biens et des personnes même en période de crises sanitaires. Selon l’OIM, la pandémie de COVID-19 a davantage exposé les carences structurelles et d’urgence sanitaire aux frontières pour répondre efficacement aux défis sanitaires induits par cette pandémie. « Notre plus grand souhait est que la mise en œuvre de ce projet contribue à doter les points d’entrée terrestres du Togo de matériels de santé publique pour mieux faire front contre les éventuelles crises sanitaires », a expliqué l’organisation.
Pour la bonne utilisation des équipements offerts par l’OIM, l’OMS a financé et mis à la disposition du gouvernement togolais 45 volontaires pour le renforcement des équipes sanitaires à 13 points d’entrée terrestre du Togo. Ces volontaires sont des Infirmiers d’Etat, des Assistants d’Hygiène, et des Agents de Santé Communautaires (ASC), chargés d’appuyer les équipes sanitaires présentes aux points d’entrée ciblés, pour assurer le contrôle sanitaire de tous les passagers et procéder si besoin, à la vaccination des passagers contre la COVID-19. La première phase du projet s’étend de juin 2022 à juin 2023.
« Ce projet me permet d'avoir une motivation. Le travail d’agent de santé communautaire me met en contact régulier avec ma communauté»,
explique Lokossa Yaovi Dominique, agent de service communautaire au point d’entrée d’Agome Glozou, à la frontière entre le Togo et le Benin. Malgré cette motivation, le travail n’est pas toujours aisé. Pour Neglo Yaovi Dodzi Laurent, infirmier diplômé d'Etat, être déployé au point d’entrée de Noèpé entre le Togo et le Ghana, est une expérience particulière, surtout au vu des difficultés rencontrées : « Des fois, nous sommes pris de haut par certaines personnes dans leurs gros véhicules, et nous, devant nos tables d’écoliers », confie-t-il avant d’ajouter avec un sourire plein d’espoir « mais, avec la collaboration des services de l’immigration, tout rentre dans l’ordre ». A Tohoun à la frontière entre le Togo et le Bénin, Kabou Socrates se réjouit également de la bonne collaboration entre les autorités sanitaires, sécuritaires, douanières togolaises et béninoises.
La Représentante Résidente de l’OMS au Togo, Dr Diallo Fatoumata Binta Tidiane, souligne pour sa part que « nous devons tout faire pour protéger nos populations des situations qui mettent en péril leur vie et cadre de vie ». Elle estime qu’« Il est de notre obligation de coordonner les différents efforts des partenaires pour une mutualisation des ressources et un appui pertinent, pour le bien de nos populations».
Les autorités togolaises comptent pérenniser l’utilisation des volontaires. « Nous sommes en train de faire le plaidoyer auprès des autorités pour la prise en charge d’une personne au moins et la motivation d’un agent de santé communautaire pour le renforcement des équipes médicales aux points d’entrée, surtout les points d’entrée informels où le flux de circulation est important et difficile à contrôler », explique M. Tante Ouyi, responsable de la surveillance des maladies non transmissibles au Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de l’Accès Universel aux Soins.
Les deux initiatives de l’OIM et de l’OMS s’inscrivent dans la réalisation des ODD 3, 9 et 10.