Au Togo, les Nations Unies soutiennent l’inclusion du handicap
Plusieurs initiatives sont mises en œuvre en vue d’atteindre l’inclusion des personnes vivant avec handicap et réduire les inégalités (ODD 10).
Selon le Rapport mondial sur l’équité en santé pour les personnes handicapées publié le 02 décembre 2022, 1,3 milliard de personnes (soit 1 personne sur 6) vivent avec un handicap important dans le monde. Au Togo, la population des personnes handicapées est estimée à 614.500 personnes. Les personnes handicapées sont la plupart du temps privées d’éducation, de travail, de loisirs. Elles subissent une sorte d’exclusion sociale, conséquence de la précarité de la situation financière ou matérielle dans laquelle elles peuvent être plongées.
Face à ces défis d’inclusion, il est important de créer les conditions de la participation pleine et entière des personnes vivant avec handicap dans tous les aspects de la vie sociale. Au niveau juridique, le Togo a ratifié en mars 2011, la Convention relative aux droits des personnes handicapée. Cette Convention réaffirme le caractère universel, indivisible, interdépendant et indissociable de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales et la nécessité d’en garantir la pleine jouissance aux personnes handicapées, sans discrimination. Au niveau politique, le gouvernement a inscrit le handicap dans ses actions prioritaires et déploie diverses initiatives dans ce sens, notamment à travers la « Feuille de route gouvernementale 2020 - 2025 ». Aux côtés du gouvernement, les agences du système des Nations Unies apportent également leur pierre à l’édification d’une société plus juste et inclusive à l’égard des personnes en situation de handicap.
L’école formelle inclusive pour tous les enfants, y compris ceux vivant avec handicap
L’éducation inclusive fait un lien entre l’éducation ordinaire accessible à tous et l’éducation spécialisée répondant aux besoins spécifiques des enfants vivant avec handicap. Son esprit est de maximiser les interactions entre les enfants handicapés et les autres enfants en les réunissant tous ensemble dans une école ordinaire afin d’optimiser l’environnement d’apprentissage des élèves sur la base de l’équité. Les écoles ordinaires à orientation inclusive sont l’un des moyens les plus efficaces de réaliser l'éducation pour tous (ODD 4) en luttant contre la discrimination en matière d’éducation, en créant des communautés accueillantes dans une société inclusive.
L’UNICEF et le ministère de l’Education mettent en œuvre le modèle d’éducation inclusive dans les inspections de Kpendjal et de l’Oti nord au profit d’environ 130 enfants handicapés identifiés et insérés dans les écoles primaires formelles. Le modèle est basé sur le système d’itinérance d’enseignants formés par type de déficience pour venir en appui pédagogique aux enseignants accueillant des enfants handicapés dans leur classe. A ce titre, 179 enseignants ont été formés aux spécialités dont 73 enseignants pour la déficience intellectuelle, 69 enseignants pour la déficience auditive et la langue des signes et 37 enseignants pour la déficience visuelle et le braille.
A Bafilo dans la préfecture d’Assoli, M. Adja-Koade Ata Amen, Chef Inspection des Enseignements Préscolaires et Primaires d’Assoli explique que « l’appui des enseignants itinérants formés dans les différentes formes de déficience permet d’accompagner les enfants en situation de handicap et de renforcer le champ d’apprentissage de tous les élèves. Cet appui a permis aux enfants d’apprendre la langue des signes, le braille et beaucoup de bonnes manières ». « Nous avons cette année, un enfant sourd-muet qui passera son CEPD grâce à cet accompagnement. L’appui a permis la hausse du taux de scolarisation », ajoute-t-il fièrement. L’élève qui a brillamment réussi à l’examen prouve l’efficacité de ce programme.
M. Pidiwana Essowè, formé sur la déficience auditive et la surdité décrit sa mission :
« J’apporte mon appui aux enseignants qui ont un ou des enfants malentendants ou sourd-muet dans leurs classes. Je leur enseigne le langage des signes pour qu’ils puissent l’enseigner à leur tour aux enfants, facilitant ainsi la communication et les interactions ».
« Moi j’ai été formé sur les handicap physique et mental. J’appuie les autres enseignants pour qu’ils intègrent les bonnes mesures à prendre face à un élève vivant avec ces handicaps », commente Kpelafia, un autre enseignant itinérant. « C’est très difficile pour les enfants à mobilité réduite. Les bâtiments ne sont pas accessibles. Il n’y a pas de rampes, souvent ce sont des escaliers », précise-t-il.
Selon les données de la Fédération Togolaise des Associations de Personnes Handicapées (FETAPH) en cours d’actualisation, le Togo compte 13,282 enfants handicapés et seulement 54% de ces enfants sont allés à l’école. En termes d’éducation au Togo, depuis 2013, le Plan Sectoriel de l’Education intègre l’éducation inclusive (en particulier la langue des signes et le braille pour répondre aux besoins de enfants vivant avec un handicap sensoriel) dans la formation des enseignants pour prendre en compte les besoins spécifiques des enfants handicapés.
Des opportunités socioéconomiques et scolaires pour les personnes atteintes d’albinisme
En plus des handicap physiques et sensoriels, l’albinisme est une maladie qui se traduit par une insuffisance ou un défaut de production de mélanine, pigment biologique foncé responsable de la couleur de la peau, des cheveux et des yeux. Les personnes atteintes d’albinisme sont intolérantes à la lumière vive et subissent une déficience visuelle, souvent grave. Elles subissent de fortes discriminations, liées à des croyances ou des superstitions, ce qui accentue le phénomène d'exclusion sociale.
La prévalence de l’albinisme varie dans le monde. Les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) oscillent entre 1 cas sur 5,000 et 1 cas sur 15,000 en Afrique subsaharienne. On compte environ 1.000 personnes concernées au Togo.
Au Togo, la cause des personnes atteintes d’albinisme est portée par l’Association Nationale des personnes atteintes d’Albinisme au Togo (ANAT) créée depuis 2012. L’ANAT lutte pour l’amélioration des conditions de vie des personnes vivant avec albinisme au Togo à travers la promotion et la protection de leurs droits. Pour l’inclusion des personnes atteintes d’albinisme, le PNUD accompagne étroitement les actions de l’association.
Abla, 15 ans, est élève en classe de 5ème. Elle vit dans le village d’Akparé, à quelques kilomètres de la ville d’Atakpamé. Elle est dotée d’excellentes capacités intellectuelles. Mais, atteinte d’albinisme, elle souffre de déficience visuelle prononcée, surtout à l’heure où le soleil est au zénith, l’empêchant ainsi de suivre parfaitement les cours. Pour l’accompagner dans son parcours scolaire, elle a bénéficié de verres médicaux adaptés à son handicap à la suite d’une consultation spécialisée auprès d’un ophtalmologiste. « Avec les verres c’est mieux », nous explique-t-elle avec le sourire. Abla a de la chance car Modukpè, sa grande sœur de 18 ans souffrant également d’albinisme, a dû abandonner les études, faute de voir correctement au tableau.
Emiline Douamegnon, est hyper occupée dans sa boutique à Atakpamé. Entre le nettoyage et l’achalandage des étagères, la jeune femme de 26 ans doit continuellement s’arrêter pour servir les clients qui ne cessent de demander des marchandises. Atteinte d’albinisme, Emeline a dû comme beaucoup d’autres, abandonner les études en raison des difficultés visuelles liées à l’intolérance de la lumière. Avec sa boutique d’alimentation générale, Emiline se sent aujourd’hui valorisée et incluse dans la société. « Ma boutique me permet d’être respectée. Les gens viennent acheter les marchandises et me respectent. Avant je faisais du commerce mais avec le manque de moyens pour me lancer vraiment ce n’était pas facile. Avec cette aide, tout est beaucoup plus facile car je me suis approvisionnée en toutes sortes de marchandises », nous explique-t-elle, toute joyeuse.
Abla et Emiline, comme beaucoup d’autres personnes atteintes d’albinisme à Lomé, Atakpamé et Kpalimé, ont bénéficié d’un appui à l’insertion socioéconomique et scolaire du PNUD à travers l’ANAT afin de promouvoir l’éducation des enfants et des jeunes vivant avec l’albinisme, améliorer la prévention et le traitement des maladies cutanées et oculaires des personnes atteintes d’albinisme, et améliorer leur insertion socioéconomique.
N’oublions pas les personnes du troisième âge
L’un des handicaps les plus inévitables est l’âge. Les difficultés et les incapacités surviennent de façon naturelle. Selon l’OMS « le déficit auditif, la cataracte et les défauts de réfraction, les lombalgies et cervicalgies, l’arthrose, la bronchopneumopathie chronique obstructive, le diabète, la dépression et la démence sont des problèmes de santé courants chez les personnes âgées ».
Selon le rapport sur l’état de la population 2023, 5% de la population togolaise aurait 65 ans et plus. Pour accompagner la sécurité du vieillissement de la population, le gouvernement, en plus de la protection accordée dans le cadre du code des personnes et de la famille, met en œuvre divers mécanismes dont la pension de retraite et de veuvage, la couverture maladie universelle, la réduction de frais de soins de santé à travers les services sociaux près les hôpitaux, l’assistance en vivres et non vivres aux personnes âgées démunies, à travers notamment le mécanisme Novissi, lors de la crise du COVID-19.
En soutien au gouvernement, le système des Nations Unies, à travers le PNUD, intervient dans les régions de la Kara et Centrale, en collaboration avec l’Association Nos Années de vie (ANAVIE) pour que le vieillissement ne soit plus source de tous les maux. « Je rencontrais des difficultés à voir. J’étais allé en consultation où on m’a dit qu’il me faudrait des verres mais je n’avais pas de moyens. J’ai donc continué ma vie comme cela jusqu’au jour où j’ai appris qu’il y avait une action médicale gratuite pour les personnes âgées. Je me suis inscrite et j’ai suivi le processus. Aujourd’hui j’ai mes verres médicaux et j’arrive à voir et à lire correctement » explique avec le sourire Mme Lami Ouro-Koura, la soixantaine, résidant à Kpangalam dans la ville de Sokodé. Pour prouver ses dire, elle sort fièrement ses lunettes, les porte et se met à lire à haute voix.
M. Kpegouni, presque la soixantaine, agent volontaire à l’état-civil de Kadambara à Sokodé, a aussi reçu des lunettes médicales et s’en réjouit car ça
« m’aide à poursuivre mon activité à l’état civil, notamment lire et remplir les registres ».
Ces actions médicales gratuites sont couplées avec des séances de sensibilisation sur le troisième âge et contre la maltraitance faite aux personnes âgées.
Par ailleurs, dans le cadre de la décennie pour le vieillissement en bonne santé, l’OMS appelle régulièrement les personnes âgées à prendre en main leur santé en participant notamment aux journées nationales du sport initiées par le gouvernement togolais et qui se tiennent tous les derniers samedis du mois sur l’ensemble du territoire.