Estimée à 1,7% en 2022, la prévalence du VIH en constante baisse au Togo
Un taux de prévalence en baisse
Natacha (nom d’emprunt) 32 ans, vit à Dapaong, région située à 650km au nord de la capitale togolaise, Lomé. Elle a découvert il y a quelques semaines qu’elle est enceinte. Tout heureuse d’accueillir son premier bébé, elle a pris ses dispositions pour mener à bien sa grossesse. Elle se rend au Centre Hospitalier Régional (CHR) de Dapaong pour les consultations prénatales. La sage-femme lui prescrit une liste d’analyses au nombre desquelles le test de VIH Sida. Le résultat est disponible immédiatement grâce au GeneXpert.
Le GeneXpert est un système breveté qui permet d'optimiser les résultats des tests de dépistage en quelques heures, ce qui réduit le temps d’attente des patientes anxieuses et permet une prise en charge rapide. L’acquisition de cet équipement améliore le diagnostic de la charge virale chez les patients. Désormais, les résultats peuvent être connus en à peine quatre heures alors qu’avant, les échantillons devraient être envoyés à Lomé.
Depuis que le CHR dispose du GeneXpert, nous arrivons à avoir des résultats presque en temps réel et adapter le traitement pour une meilleure prise de décision et sauver la vie de l’enfant,
confie Eugène Kombate, technicien biologiste au CHR de Dapaong. Le gouvernement, avec l’appui de l’UNICEF a mis à disposition ce système ainsi que des formations afin que les techniciens de laboratoires puissent l’utiliser de façon optimale.
Après le conseil post-test et remise de ses résultats, Natacha découvre sa séropositivité. Sous le choc, elle explique que
la sage-femme ne m’a pas laissée seule. Elle m’a donné des conseils et m’a surtout rassurée que je pourrai vivre aussi longtemps si je suis mon traitement de même que celui de mon enfant à naître.
Natacha fait partie des 2,40% de femmes infectées par le VIH au Togo. Les efforts continus du gouvernement togolais et de ses partenaires tels que l’ONUSIDA et l’UNICEF pour réduire les nouvelles infections depuis de nombreuses années, tant en termes de prévention que de traitement, portent leurs fruits. Selon les résultats de la troisième Enquête Démographique et de Santé au Togo (EDST III), en 2014, la prévalence moyenne au Togo était de 2,50% dans la tranche d’âge de 15 à 49 ans. En 2022, cette prévalence, dans la même tranche d’âge, a chuté à 1,70 % selon les estimations du Spectre et du logiciel d'estimation et de projection (EPP Spectrum). Les femmes sont plus touchées par le virus: 2, 4% contre 1,10% chez les hommes.
Désormais, l’objectif pour l’équipe médicale qui s’occupe de la grossesse de Natacha est d’éviter au bébé d’être infecté. Durant toute sa grossesse, elle sera suivie régulièrement, comme le promet la sage-femme Bonfo Koussoua, responsable de la Consultation Pré-Natale (CPN) au CHR de Dapaong:
Après 32 semaines, nous allons mesurer la charge virale. L’objectif est de quantifier le taux de virus pour savoir si la maman a pu les éliminer. Si le virus est encore présent, nous allons poursuivre le traitement et éviterons un accouchement par voie basse. Enfin le nourrisson sera testé après six semaines .
Prévenir la transmission mère-enfant
Pour éviter la transmission du virus de la mère à l’enfant, « le dépistage précoce, gratuit, est désormais systématique lors de la première consultation prénatale », explique Mme Bonfo car « La contamination peut se faire de la mère à l’enfant pendant la grossesse, lors de l’accouchement et durant l’allaitement ». Le protocole Prévention de la Transmission Mère-Enfant (PTME) est mis en place lorsqu’une future maman est dépistée séropositive. «On ouvre un carnet de suivi de la femme, on inscrit les rendez-vous et on la met le jour-même sous anti rétroviraux (ARV) », ajoute-t-elle, en précisant qu’ « en cas de transmission du virus de la mère à l’enfant, le bébé est aussitôt placé sous traitement d’antirétroviraux ».
Les traitements ARV réduisent drastiquement la transmission mère-enfant du virus à condition que le traitement soit respecté par la future maman. Si elle suit les conseils des médecins et poursuit le traitement de l’enfant chez elle, la charge virale est drastiquement réduite. Natacha a donc des chances d’accoucher d’un bébé non porteur du virus. « En général, plus tôt la maladie est détectée plus les chances de transmission se réduisent», explique le Docteur Paul Simpka, Chef de service gynécologie-obstétrique au CHR de Dapaong.
Les données du PNLS montrent qu’en 2022, 2956 dépistages précoces du VIH ont pu être réalisés chez les enfants exposés.
Je peux vraiment dire merci à tout le personnel de l’hôpital car je suis sûre que mon enfant naîtra sain. Il deviendra je l’espère, une sage-femme pour prendre soin des autres,
confie Natacha à la fin de sa consultation, avec un sourire plein d’espoir.