« Chaque survivante de violences basées sur le genre mérite une protection et un accès à la justice », Dr Nathalia Kanem, Directrice de l’UNFPA.
« Je suis une femme malentendante, mon problème et celui de mes sœurs c’est la communication. Nous n’avons pas accès à l’information, les vidéos, les spots publicitaires et de sensibilisation ne sont ni signés ni sous-titrés, ni transcrits en langue de signes. Nous en souffrons »,
tel est le témoignage signé par Alice et retranscrit en paroles par un interprète en langue des signes.
Le lundi 09 décembre 2024, AfrikElles Média, a tenu une rencontre de réflexion et d'élaboration d'un document de plaidoyer en faveur des femmes handicapées avec l’appui financier du Fond des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Les femmes en situation de handicap sont au moins deux à trois fois plus susceptibles que les autres femmes de subir des violences, notamment par la famille, les partenaires intimes, les soignants et les établissements institutionnels. Pourtant,« nous sommes à l’ère de l’inclusion et personne ne doit être laissée de côté », a expliquéla Ministre de l’action sociale et de la solidarité et de la promotion de la Femme, Mme Kossiwa Zinsou-Klassou à l’occasion.
Cette activité s'inscrit dans le cadre du projet " 𝐜𝐚𝐦𝐩𝐚𝐠𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐦𝐞́𝐝𝐢𝐚 𝐞𝐭 𝐡𝐨𝐫𝐬 𝐦𝐞́𝐝𝐢𝐚 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐩𝐫𝐞́𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫𝐞𝐭 𝐥𝐮𝐭𝐭𝐞𝐫 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐕𝐢𝐨𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐡𝐚𝐧𝐝𝐢𝐜𝐚𝐩𝐞́𝐞𝐬" mise en œuvre au cours des 16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre. L’objectif est d’élever les voix pour lutter et prévenir les violences faites aux femmes en situation de handicap à travers des productions de contenus média et hors médias. L’activité a pour vision de transformer les 16 jours d’activisme en 365 jours de réflexions, d’actions concrètes en faveur des femmes handicapées.
« Mes sœurs et moi subissons des violences qui ne disent pas leur nom. Le déni d’éducation parce que nous sommes femmes et handicapées, la violence économique, la violence psychologique dans un entourage peu empathique, même la violence sexuelle »,
confie Mme Chantal Kouevi, Présidente d’une association de femmes handicapées. Elle ajoute que « mes sœurs qui sont sourdes ou muettes n’ont pas toujours la possibilité de s’exprimer sur leur santé devant les soignants ».
Il existe très peu d’études documentées sur les violences faites aux femmes en situation de handicap. D’ailleurs, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a appelé en mars 2024 à améliorer la recherche dans tous les pays en vue de faire en sorte que les besoins spécifiques de ces femmes soient comptabilisés, compris et pris en compte. Au Togo, selon les données du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-5) de 2022, 11,92 % de la population sont des femmes handicapées et 9,46 % des hommes handicapées.
« Blessures, traumatismes, fractures, douleurs, MST, avortement provoqué, mort sont souvent les conséquences des violences subies par les femmes handicapées », précise le Directeur des Personnes Handicapées, M.Karimu Wasiyuqui ajoute que « des mesures pour garantir l’écoute aux femmes handicapées survivantes sont prises »
Notons que sur le plan institutionnel, il y a la mise en place des lignes vertes « 8284 » pour les VBG, « 8255 » pour le milieu scolaire et « 1011 » pour la protection des enfants. Nous avons également la création des centres d’écoute pour la prise en charge des victimes de VBG, des maisons de la femme, des maisons de justice, des centres intégrés « One Stop Center », et des centres de prise en charge des enfants victimes de violences.
Tous ces outils visent, d’une part, à renforcer la prévention du phénomène et d’autre part, à assurer la prise en charge des survivants.
« Moi je souhaite vraiment que ce genre de rencontre se multiplie et touche aussi les localités reculées pour que nous puissions connaitre nos droits et être plus épanouie », déclare tout sourire, Mlle Sophie très satisfaite des échanges. Elle ajoute que
« je souhaite aussi que les femmes handicapées soient sensibilisées pour leur donner le courage et la force pour sortir de leur silence »
Rappelons que le nouveau Code pénal togolais consacre un certain nombre d'articles à l'interdiction des violences faites aux femmes (197-202.3). Ainsi, le harcèlement sexuel est puni d'un (1) à cinq (5) ans d'emprisonnement et d'une amende de cent mille (100.000) à cinq millions (5000000) FCFA ou de l'une de ces deux peines. La répression des violences entre époux est également prévue aux articles 186 et suivants de ce nouveau Code. Les Nations Unies au Togo pratique « Zéro tolérance pour les violences basées sur le genre et les pratiques néfastes ».
Écrit par
Damba Mana N NIKABOU
RCO
Associée Communication et plaidoyer à l’inclusion du handicap RCO