Une athlète s’engage avec des jeunes togolais pour la restauration des terres

Une forêt de 2028 arbres va pousser à Tsévié, une initiative de l’athlète togolaise Naomi Akakpo, avec des jeunes du milieu, les Nations Unies et l’ONG APEVIA.
Ce jeudi matin, 5 juin 2025, une ambiance particulière règne au lycée de Démé, à Tsévié. La vaste cour habituée aux cris et aux courses des élèves s’est transformée en un véritable stade de mobilisation écologique et sportive. Sous un ciel bleu, une centaine de jeunes filles et garçons en tenue de sport, visages rayonnants, des plants d’arbre en main. A leur tête, une personnalité inhabituelle dans le milieu, dont la présence attire la curiosité des jeunes lycéens : Naomi Akakpo, athlète internationale, connue dans la discipline de la course de haies, et porte drapeau du Togo aux Jeux olympiques de Paris 2024.Elle est à Tsévié ce jour dans le cadre de la campagne internationale Sport4Land lancée par la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULD) en vue de mobiliser des athlètes du monde entier pour faire du sport un moteur de restauration environnementale.

Arborant un maillot des Eperviers, emblème des équipes nationales du Togo, Noami Akakpo, cheveux frisés, un plant d’arbre dans une main et microphone dans l’autre, invite les jeunes lycéens à
planter des arbres et à lutter contre la désertification car c’est un sujet qui nous touche tous. On est arrivé à un stade où la désertification impacte énormément nos terres. Chaque seconde, l’équivalent de 4 terrains de football disparaît dans le monde et nous en sommes tous responsables .
8h 00, Naomi Akapko donne le coup d’envoi, non pas pour franchir des haies, mais plutôt pour la mise en terre des plants. Au pas et de manière ordonnée, comme les athlètes courant vers le but, 700 arbres sont plantés dans la cour du lycée par l’athlète, des élèves, leurs enseignants ainsi que des représentants du gouvernement et du système des Nations unies au Togo.

Monique, 15 ans en classe de seconde a du mal à contenir ses émotions :
J’ai regardé tata Naomi à la télévision lors des jeux olympiques, je n’ai pas imaginé que j’aurais la chance de la croiser un jour en vrai et de lui serrer les mains. Elle est si simple et n’hésite pas à mettre les mains dans le sable comme nous pour planter des arbres. Elle m’inspire vraiment et je prendrai soin de cet arbre qu’elle m’a aidée à planter pour en faire un souvenir.
A ses côtés, son camarade Joel, est très conscient des changements climatiques de notre planète et se réjouit de planter des arbres :
c’est une immense joie qui m’anime en ce jour parce que, vu les énormes dégradations de notre environnement, planter des arbres est l’une des meilleures actions à mener pour éviter ces changements climatiques. Ensemble mes camarades et moi prévoyons de les entretenir avec soin pour les voir grandir dans les années à venir et nous remercions Mme Naomi et les Nations Unies de nous donner cette opportunité.
Pour Naomi Akakpo, l’objectif au Togo est de parvenir à planter une forêt de 2028 arbres d’ici à 2028, année des prochains Jeux olympiques à Los Angeles ; de transmettre les bons gestes aux jeunes togolais à travers le sport et les jeux et encourager l’engagement du grand public en faveur de l’environnement.
Une course, une forêt, un avenir

Après la mise en terre des plants, les jeunes ultra motivés dans leur tenue de sport se mettent déjà en piste pour défier l’athlète. Cette dernière, organisée et méthodique, leur donne au préalable les premières notions de la course de haie. Elle leur fait ensuite une démonstration pratique saluée par des ovations. Des groupes se forment rapidement et la course est lancée. Après quelques essaies, et fières de leurs prestations, nombreux sont ceux et celles qui commencent par rêver de participer un jour aux jeux olympiques.
Quand j’ai vu tata Naomi courir, ça m’a beaucoup plu et comme moi aussi j’aime travailler mon corps et faire du sport, je vais redoubler d’efforts pour arriver au même niveau un jour ,
rêve Abidé, 14 ans. De son côté, Kafui est consciente qu’à défaut de devenir sportive de haut niveau, elle peut facilement sensibiliser son entourage au reboisement et à la lutte contre la désertification :
la voir me motive à devenir comme elle. Je comprends que cela nécessite beaucoup de travail, mais en attendant, j’informerai les gens autour de moi des risques que nous courrons à l’avenir si nous ne plantons pas des arbres dès maintenant .

Des ambitions des jeunes pour l’avenir qui confortent la championne de Sport4land dans son engagement. Pour Naomi, « être ici aujourd’hui pour sensibiliser les jeunes sur ce sujet est primordial et cela me tenait à cœur de l’associer au sport et à ma discipline de 100m haie pour leur montrer que le sport, l’environnement et la nutrition sont liées. Si dès leur jeune âge on arrive à leur inculquer les bonnes habitudes, les bonnes manières, ça peut avoir des conséquences positives sur notre avenir ».
Un partenariat gouvernement, ONG et Nations Unies pour l’environnement
Le lancement de cette forêt de 2028 arbres ce jour au Lycée de Démé à Tsévié s'inscrit dans le cadre des célébrations mondiales de la Journée de lutte contre la désertification et la sécheresse le 17 juin, dont le thème de cette année est : « Restaurer les terres. Saisir les opportunités ». L’initiative est menée en partenariat avec l’ONG APEVIA avec le soutien du gouvernement togolais et du système des Nations Unies au Togo.
Selon la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), « plus de 40% des sols dans le monde sont déjà touchés par la dégradation » et l’urgence de leur restauration est plus que planétaire. Restaurer les terres dégradées est un investissement stratégique car, « chaque dollar investi peut générer jusqu’à 30 dollars de bénéfices pour les communautés et la planète ».
La politique de reboisement lancée en 2021 au Togo visant à mettre en terre un milliard de plants à l’horizon 2030, s’impose comme le catalyseur d’une réponse collective et ambitieuse. Pour Dr ATUTONU Amah, Directrice des Ressources Forestières,
il s’agit d’une belle mobilisation qui rassemble différents groupes, différentes initiatives, toutes convergeant vers un même objectif : préserver notre planète. Associer le sport au reboisement est une idée innovante. Les athlètes, par leur discipline, leur endurance, et leur esprit d’équipe, montrent qu’ils peuvent aussi être des acteurs du climat, œuvrant pour un avenir plus sain .
La mise en terre des plants se poursuivra jusqu’aux Jeux Olympiques de Los Angeles 2028 pour la plantation symbolique d'une forêt, en partenariat avec l'ONG APEVIA dont les équipes animeront des ateliers de sensibilisation écologique, des séances pédagogiques sportives et assureront le suivi des arbres plantés avec les jeunes participants.
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